Espirito Santo : SAUVER LES APPARENCES ! par François Leclerc

Billet invité.

Une hypothèse de sauvetage de la Banque BES prend corps, qui pourrait être annoncée dimanche soir, in extremis avant l’ouverture de la bourse du lendemain. Selon TVI et SIC, deux chaînes de télévision commerciale, l’État se préparerait à rentrer au capital de la banque malgré les affirmations réitérées du premier ministre qui l’excluait.

Afin d’éviter à tout prix une nationalisation ne cadrant pas avec le credo libéral de l’équipe au pouvoir, une formule combinant l’apport de fonds et la souscription à une émission d’obligations contingentes par la banque tiendrait la corde. Elle permettrait de recapitaliser convenablement la banque, afin que ses fonds propres atteignent à nouveau le niveau requis par la Banque du Portugal de 7%, sans donner a l’État la majorité et en favorisant la constitution d’un pôle privé d’actionnaires.

Des fonds de private equity seraient sur les rangs, une fois la banque stabilisée sur fonds publics. Car les CoCos, ces créances accordées à une compagnie, ont vocation a être transformés en actions une fois qu’un certain événement défini lors de leur émission intervient (signifiant que cela va mal pour cette compagnie).

Cette formule des CoCos a déjà été employée par le gouvernement portugais quand il a précédemment fallu soutenir d’autres banques comme la BCP, BPI et la Banif. Elle permet de mettre en avant que les fonds publics sont prêtés et assortis d’un intérêt élevé, tout en occultant le risque que le prêt accordé à la banque sera transformé en actions si de nouvelles pertes sont constatées. Toute l’astuce réside dans la définition de l’événement déclenchant…

Les fonds de « private equity » ont alors de bonnes raisons de se presser pour entrer au capital quand la valeur du titre est au plus bas et a vocation à remonter, leur donnant l’occasion de vendre et de sortir alors du capital. L’équipe gouvernementale a décidément des comportements de vierge effarouchée quand il faut bousculer les tabous. Ces fonds ne s’en plaindront pas, si ce schéma se confirme, les contribuables prenant le risque à leur charge. Dans l’immédiat, la banque sera renforcée grâce à une recapitalisation ainsi que par… l’endettement ! C’est le paradoxe des CoCos, qui justifie le grand intérêt qui leur est porté.